Nous voilà au seuil de l’an 2020! Que de changements, voire transformations, enregistrés dans notre monde. La société mondiale a connu des bouleversements irréversibles. Depuis l’an 2000, claironné comme le début d’une ère nouvelle, le quotidien de l’humanité a continué à muer constamment avec des approches et visions nouvelles. C’était aussi l’année du nouveau millénaire, grippée avant son entrée par une psychose d’un virus (imaginaire?) qui allait ‘crasher’ les ordinateurs du monde entier! Un événement qui ne s’est pas avéré! Or, la technologie a, depuis, progressé de façon vertigineuse, les inventions dans ce domaine ne connaissant pas de limite. Est-ce pour autant que l’on puisse dire que nous vivons dans un monde meilleur? La fin du siècle dernier et le début de ce nouveau siècle n’ont fait que confirmer la capacité de l’être humain et, par extension, les États d’être tantôt généreux, tantôt égoïste, tantôt honnête, tantôt malhonnête, tantôt franc, tantôt hypocrite, tantôt avant-gardiste et tantôt passéiste. Le propos de ce jour n’a nullement l’intention de faire une autopsie de notre monde, encore moins de passer un quelconque jugement sur l’état actuel des choses. C’est plutôt un exercice qui cherche à provoquer une certaine réflexion, une autoanalyse et, le cas échéant, une remise en question de notre société. Trop souvent, nous nous comportons comme ce morceau de bois qui se laisse emporter par le courant de la rivière sans se soucier de la finalité du voyage. Nous ne faisons que suivre sans mettre en question les événements qui jalonnent notre quotidien, jusqu’au point où nous n’y pouvons plus rien. Prenons le seul cas de la démocratie. En 1989, avec l’écroulement du Mur de Berlin, suivi de la fin de la guerre froide qui avait engouffré le monde après la Seconde Guerre mondiale, on s’était dit que l’idéologie prônée par l’Occident avait eu raison du système mis en place par les Soviétiques et leurs alliés du temps. On avait momentanément cru dans un nouveau système unipolaire qui allait désenclaver tous les pays du monde et assurer une uniformité du développement, ouvrir les frontières et tomber les barrières jadis érigées par l’être humain dans sa quête de contrôle d’autrui. A tel escient, que Francis Fukuyama, auteur et expert en sciences politiques, prononça ‘La fin de l’histoire’ dans un essai qu’il publia au vu des événements majeurs qui se préparaient et qui allaient bouleverser fondamentalement les bases de la société à cette époque. L’euphorie du moment avait comme toile de fond le triomphe de la démocratie. La démocratie avait gagné, disait-on avec conviction. La justice globale allait s’installer de façon définitive et contribuer à l’épanouissement des peuples et au progrès de la communauté internationale. Les effets de la globalisation se faisaient déjà sentir. D’aucuns chantaient ses louanges malgré un certain scepticisme, affiché principalement par les moins lotis. Or, on se rendit vite à l’évidence que la globalisation, tout en faisant des heureux, laissait aussi des perdants dans sa mouvance. La démocratie ne put instaurer ne serait-ce qu’un début d’équité tant espérée et attendue suivant les événements de 1989. Le monde changea certes de trajectoire idéologique mais les mêmes vilaines habitudes et façons d’agir de ceux qui se proclamaient vainqueurs de cette guerre froide n’ont fait que perdurer jusqu’aujourd’hui et se corsent davantage au vu des actions ou inactions concernant certains dossiers internationaux. La loi du plus fort sévit de plus belle s’agissant des questions d’ordre bilatéral. Ainsi donc, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Peut-être même que Francis Fukuyama, vu la tournure des événements depuis son essai publié quelques mois avant l’effondrement du Mur et deux ans avant le démantèlement de l’Union soviétique, pourrait être tenté de revoir sa copie et prononcer un report de ‘La fin de l’histoire’. La victoire de la démocratie a engendré de nouveaux défis. Depuis quelque temps, le monde témoigne d’une montée inouïe de populisme, les acteurs se servant de la démocratie comme un paravent, même si c’est de façon légitime. Ils se réclament de la démocratie, mais en font un abus de ce terme. Les principaux acteurs politiques sur la scène internationale se regardent en chiens de faïence. Les régimes qu’ils dirigent n’ont que faire du droit international, quand celui-ci ne cadre pas avec leurs intérêts propres, faisant fi des résolutions onusiennes et de ses agences spécialisées. Les engagements pris sur les dossiers brûlants qui requièrent des actions concertées ne sont nullement honorés. L’absence de solidarité se fait rudement sentir. Autant le monde a progressé dans le domaine de la technologie et de la science, autant elle montre des signes de faiblesse et de manquement s’agissant des valeurs universelles. Les signes de dépérissement sont visibles. L’environnement global, terrien et océanique, le changement climatique sont au rouge. L’heure est grave. Un ressaisissement collectif est impérieux si nous voulons assurer la survie de notre planète et un avenir confortable aux générations à venir. Ici, chez nous, nous venons de traverser une autre étape de notre histoire politique et démocratique, faisant face, pour la première fois, à des contestations aussi généralisées. Constat: le choix des électeurs est grandement motivé par des considérations matérielles. Nous nous laissons guidés par des promesses alléchantes sans souci du lendemain pénible qui nous attend au tournant. Nous succombons aux palliatifs temporaires et sommes guère préparés à chercher et adopter des solutions soutenables à long terme. Nous avons besoin d’un regain de confiance dans la chose politique. Et, dans cette perspective, il y a lieu de saluer le courage et la détermination de ces jeunes qui se sont jetés dans l’arène politique, toute tendance confondue. Le message à ces jeunes? Persévérez dans la voie que vous avez choisie. Victorieux ou pas, soyez les agents du vrai changement que vous souhaitez instaurer, tant au niveau local que global.
Vijay Makhan
26 novembre 2019.