L’avènement de ce que fut l’alliance Lepep à la tête du pays en décembre 2014 était perçu par la majorité du peuple mauricien comme un nouveau départ, justifié ou non. L’attente était grande. Le peuple, dès l’année 2015 entamée, fit preuve d’une patience presque proverbiale, en attendant les premières indications que son choix de ceux qu’il avait portés au gouvernement était justifié et irréprochable, vu le comportement impardonnable du régime sortant. Et cela, nonobstant le programme étoffé de la nouvelle alliance PTr-MMM qui prônait une refonte structurelle de notre Constitution.
Les abus de confiance, l’arrogance et l’usure du pouvoir avaient fini par exacerber l’électorat. Ainsi, ayant fait son choix sans appel, le peuple prit son mal en patience au vu des balbutiements du nouveau régime, en attendant des jours meilleurs pour enfin goûter aux fruits promis. Mais la situation empirait au fil du temps et, vite, le peuple déchanta tout en étant pris dans un syndrome de déni de mauvais jugement.
Plus les nouveaux princes se faisaient confortables, épousant les contours de leurs nouveaux fauteuils ministériels et les sièges de leurs berlines luisantes, plus les promesses s’évaporaient. Avec l’indulgence du chef de gouvernement d’alors, certains se gonflaient davantage, se faisant véhiculer par motard avec sirène hurlante et gyrophares clignotants. Question de sécurité, nous fit-on savoir dans le sillage de l’affaire BAI, gérée de façon très amateure.
Très vite, l’on se rendit compte que l’on avait affaire à une équipe de ramassis qui tirait dans tous les sens. Une incohérence très palpable dominait les politiques et les actions mises en place par le gouvernement. Une bataille de positionnement et d’ego quittait rapidement les coulisses du gouvernement pour se répandre sur la place publique. Le peuple ne pouvait que prendre note, avec un brin d’amusement, des croisements de fer ministériels et l’on eut droit aux qualificatifs de «sleeping chihuahua», «KGB» et autre «ministre l’or».
À partir de là, les scandales ne faisaient que s’accumuler. Et ça perdure. Il y en a eu tellement que l’on risque d’oublier certains si on devait y établir une liste exhaustive. Gageons que nous ne sommes pas au crépuscule de ces scandales. Et voilà qu’une des composantes de l’Alliance Lepep, pour des raisons obscures, du moins du point de vue du public lambda, claqua la porte gouvernementale et se retira de l’alliance Lepep. Comme il fallait s’y attendre, les transfuges se positionnaient au seuil du parti majoritaire de ce qui restait de cette alliance et se virent récompensés avec des maroquins ministériels ou de secrétaires parlementaires privés.
En attendant, le gouvernement du jour continue à amasser les casseroles de tout genre. Et ça fait un vacarme infernal. Les nominations incongrues, le népotisme institutionnalisé, le copinage béant, les passe-droits, les salaires mirobolants, la partisanerie de certaines décisions, à l’instar de celle prise pour empêcher l’annonce du meeting du MMM sur les ondes des radios privées, le harcèlement des cadres jusqu’à les forcer à jeter l’éponge pour les remplacer par des apparatchiks de la dernière heure qui ont soudainement poussé comme des champignons issus de la dernière pluie sont parmi tant d’autres actions exécrables qui figurent en place de proue sur le bilan du présent régime.
Comment ne pas évoquer ici la plus grosse couleuvre – voire anaconda – que le peuple admirable ait eue à avaler : le «deal papa-piti» ! Les institutions roulent au ralenti, si toutefois elles fonctionnent. La plupart des officiers de la fonction publique font le strict minimum et ne font même pas semblant d’être engagés et enthousiastes en attendant un changement à la tête du pays qui se retrouve dans un flou total et sans direction définie, surtout cohérente. Jusqu’ici, ce gouvernement n’a fait qu’appliquer, en grande mesure, une politique revancharde.
Que l’on se rende compte que ce que nous croyons faire en toute quiétude insulaire est suivi de près au-delà de nos frontières. Lors d’une récente mission à l’étranger, un ancien président d’un pays du continent africain me fit la boutade qu’enfin Maurice a finalement prouvé qu’il était bien un pays africain type, en évoquant le «deal papa-piti», l’affaire Álvaro Sobrinho et l’association de Madame Ameenah Gurib- Fakim, la présidente de notre République, avec cet individu dont il est maintenant établi que la réputation néfaste dépasse les frontières. Et cela, malgré les yeux scanner de notre Premier ministre adjoint nous assurant la propreté de l’argent Sobrinho !
Quand l’heure du vote sonnera, espérons bien que notre peuple se comportera en adulte averti et saura faire le choix le plus judicieux possible, en plus de se rappeler de ces politiciens qui, après avoir été partie prenante de la collection des casseroles, cherchent à se créer une virginité politique !
Vijay Makhan
Source: Le Militant