La baguette maléfique!


Le peuple admirable y avait cru. Monts et merveilles avaient été jetés en appât. L’intox médiatique aidant, les mauriciens de tout acabit, se frottaient les mains, tournées vers l’hôtel du gouvernement attendant que les nouveaux princes et princesses qui nous gouvernent y déposent la manne, comme promis par l’alliance gouvernementale.

 

Bientôt six mois depuis que les maroquins ministériels ont trouvé de nouvelles rondeurs épousant leurs coins et recoins. Le peuple,lui, reste toujours dans l’expectative. Serait-ce un nouveau épisode du fameux Anne, ma sœur Anne? Trop tôt pour un tel jugement? Pourtant, les signes indiquent, qu’une fois encore, le peuple a été magistralement roulé dans la farine.

 

Bien sûr, certains scandales ont vite été mis au jour, au soulagement général, mais demeurent profondément embourbés dans une complexitéà perdre le plus fin des enquêteurs dans leurs méandres et les rendre perplexes au vu des ramifications compliquées qui dépassent nos frontières.

Ce qui est certain, par contre, c’est que l’esprit de tout un chacun a vite été enveloppé dans l’imbroglio que représentent ces scandales, avec des acteurs, les uns plus notoires que les autres. Évidemment, la presse écrite et parlée en a vite fait des choux gras avec des titres on ne peut plus sensationnels. Les conversations autour des tables à manger de tout foyer, du plus modeste au plus somptueux, et celles dans les soirées mondaines et diplomatiques se focalisent très vite sur le déferlement presque quotidien d’un chapelet de personnalités aux Casernes centrales dans le cadre des enquêtes ouvertes au sujet de ces scandales. 

 

Et du coup, les déboires quotidiens du Mauricien moyen sont relégués au second plan et sont presque banalisés! Son inquiétude face à la dette qu’il a été contraint de contracter pour subvenir à ses besoins domestiques, ou pour les études de son enfant ou encore pour sa perte d’emploi, sans crier garde, est traitée comme un fait divers! On lui demande de continuer à se serrer la ceinture, en attendant que la lumière jaillisse au bout du tunnel. Encore une fois, c’est l’éternel Anne, ma sœur Anne…

 

En attendant, le régime actuel accumule des entorses à la transparence et la bonne gouvernance, en dépit de la mise sur pied d’un ministère de ce nom, mais vite transformé en ministère des inquisitions et cela, malgré la posture sainte-nitouche affichée pendant la campagne électorale.

 

Dès les premières semaines de son installation, ceux qui ont été mis aux affaires ont procédéà des nominations douteuses et scandaleuses. Père, fils, parents, de sang ou de lien, copains, copines, et autres ‘campaign managers’ ont vite trouvé des positions rémunérées des deniers publics, alors que les emplois promis pour les milliers de jeunes ne pointent même pas un petit nez! Au contraire, au lieu de créer des emplois, ils sont affairés à créer le chômage et instiller l’incertitude, voire l’angoisse chez les employés de certaines entreprises dans la tourmente. Les licenciements on/off de ces derniers temps et la mise à pied de ceux recrutés dans les services parapublics après le 1er juillet 2014 ont fini par saper le moral et la santé de plusieurs employés et de leurs familles. Les dommages collatéraux deviennent légion. Publico, organisme publicitaire ayant fait ses preuves pendant des décennies, a été contraint de mettre la clé sous le paillasson. Les petites et moyennes entreprises (PME) n’embauchent presque plus et licencient également, asphyxiées qu’elles sont par l’ardoise salariale.

 

Les contradictions sont devenues monnaie courante. On décrie le fait que les mauriciens sont une nation de consommateurs, mais on diminue le taux d’intérêt pour les achats à tempérament, incitant ainsi à plus de consommation et donc à la dette!

 

On nous dit aussi que les mauriciens sont une nation de ‘zougader’, mais voilà qu’on augmente le nombre de licences pour casino!

 

Face à la situation instable de l’économie, reflétée au niveau de la Bourse, le désinvestissement étranger devient inquiétant. Le cours des actions de certaines compagnies, jadis connues comme des plus performantes chute, et dans certains cas, de façon vertigineuse. A tel escient, que les analystes de la place imputent ce revers dramatique aux actions gouvernementales et  commentaires irresponsables des ministres, inclus ceux du ministre des finances!

 

L’insécurité sévit toujours. Les routes sont demeurées meurtrières. Les crimes de société et la délinquance sociale remplissent les pages de nos journaux et sont sur nos ondes de façon quotidienne.

 

Crise sur crise,quoi!

 

Mises à part certaines mesures palliatives et cosmétiques, la situation générale demeure précaire malgré les tentatives de nous faire accroire que tout va bien et qu’il existe un ‘feel good factor’ dans le pays.

 

Les municipales sont l’occasion pour les citadins d’envoyer un message clair et net à l’hôtel du gouvernement.

 

Car baguette magique? Niet! Plutôt baguette maléfique, oui!

 

Vijay Makhan

22/5/2015.

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