Cinquante ans de tergiversations et de subterfuges !

MAK

Cette semaine, plus précisément le 5 juin, il y a cinquante ans de cela, débuta la

guerre de six jours qui allait anéantir la coalition arabe. Israël avait frappé un grand

coup qui changea à jamais la situation au moyen orient. Alors que l’on a tendance à

ramener ce conflit majeur à la seule question de la confrontation entre Palestiniens

et Juifs, force est de constater que la victoire de l’état hébreu suivant cette guerre

changea drastiquement la donne dans cette partie du monde toujours en ébullition.

   Au fait, cette guerre n’était nullement une entre les Palestiniens et les Israéliens.

C’en était une entre Israël et les forces arabes combinées de l’Egypte, la Jordanie

et la Syrie. D’ailleurs cette guerre qui était une humiliation cinglante pour feu Gamal

Abdul Nasser d’Egypte était aussi l’arrêt de mort aux ambitions du panarabisme

prôné par ce dernier. Il y laissa des plumes. Les frontières de ces trois pays et

d’Israël subissaient dès lors de nouvelles délimitations. L’Egypte se vit amputée de

la bande de Gaza et du Sinaï, la Jordanie de Jérusalem Oriental et du West Bank

et la Syrie des hauteurs du Golan. Ces territoires se retrouvèrent sous occupation

israélienne.


 

   À la suite de cette guerre rapide, le Conseil de sécurité de l’ONU adopta à

l’unanimité le 22 novembre, 1967 la fameuse résolution 242 qui demande à Israël,

en son paragraphe premier, le retrait de ses forces armées des territoires occupés

durant le conflit. Les parties en conflit, sauf la Syrie, acceptèrent cette résolution.

Ce n’est qu’après la guerre d’octobre 1973, connue comme la Guerre de Yom

Kippour, que la Syrie reconnut la résolution 242. La guerre de 1973 qui effaça

quelque peu l’humiliation subie par l’Egypte en 1967 permit à Anwar Sadat de

récupérer en partie le territoire égyptien et ainsi proclamer cette guerre comme une

victoire. La guerre (aussi connue comme la Guerre du Ramadan), nonobstant la

résolution du Conseil de sécurité 338 adoptée le 22 octobre,1973, ne prit fin que le

26 octobre.

   Il faut souligner que l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) rejeta

la résolution 242 car les Palestiniens y étaient considérés comme réfugiés. Ce n’est

que vingt ans plus tard, en 1988, que l’OLP accepta la résolution 242 comme base

pour la négociation d’un accord de paix au Moyen Orient.

   En droit international, l’occupation militaire par l’armée d’un pays à la suite d’une

guerre ne peut qu’être temporaire. C’est ainsi en connaissance de cause que la

résolution 242 demande explicitement le retrait d’Israël des territoires occupés en

juin 1967.

    Cinquante ans après, les tergiversations autour de la question continuent de plus

belle. La politique de colonisation menée par le régime israélien en faisant

construire des colonies en territoire occupé se fait en toute impunité pour des

raisons bassement géopolitiques. À tel point que le territoire palestinien s’est

considérablement rétréci. Plus de quatre millions de Palestiniens vivent sous le

joug d’Israël, sans droits civiques et subjugués. De plus en plus c’est un systèmed’apartheid qui s’y installe. La critique venant de l’Ouest n’est que superficielle et Israël n’a que faire de cette posture.

Les Chagos

   Dans notre région aussi, nous vivons de ces tergiversations, voire des

subterfuges des britanniques. Bientôt cinquante ans depuis que nous sommes

‘indépendants’. Mais, comme nous avons eu à le dire à plusieurs reprises, notre

indépendance ne saurait être complète sans asseoir notre souveraineté sur

l’ensemble du territoire mauricien tel que défini dans notre Constitution. L’archipel

des Chagos, notre territoire, d’où furent expulsés nos citoyens de façon inhumaine

et indigne, demeure occupé par les britanniques, pas à l’issue d’une guerre mais

quand même en violation des résolutions des Nations Unies, surtout la résolution

1514 et en utilisant un instrument archaïque (Order In Council) bafouant la

démocratie parlementaire dont s’enorgueillit le Royaume Uni. L’archipel fut

sommairement excisé de notre territoire en 1965 suivi de l’expulsion sauvage par

ceux-là mêmes qui se posent en défenseurs acharnés des droits humains.

   La bataille non armée pour le recouvrement de notre territoire perdure depuis que

le MMM alerta l’opinion publique et en fit un thème de campagne sans relâche

depuis les années 70. L’on se souviendra du ‘Select Committee’  sur les Chagos

institué en 1982 par le gouvernement MMM/PSM pour faire la lumière sur l’excision

de notre archipel.

   De subterfuges en subterfuges, de tergiversations en tergiversations, les

Britanniques ont fait fi de notre bonne volonté et de notre patience. Même jusqu’en

septembre de l’année dernière, Maurice a tout fait pour trouver une solution

bilatérale, mais c’était sans compter avec la proverbiale Perfide Albion.

   Donc, vivement le 22 juin. Le Concert des nations aura à se prononcer sur la

résolution de Maurice cherchant l’approbation de l’Assemblée générale des Nations

unies pour référer le dossier Chagos à la Cour internationale de justice en vue

d’une opinion sur la légalité des agissements exécrables et honteux du Royaume-

Uni.

Bien sûr, le Royaume-Uni fera tout en son pouvoir pour dérailler le processus et

s’opposera à notre démarche.

   Il nous faut donc rester vigilants et continuer à sensibiliser les États membres des

Nations unies sur ce dossier et les mobiliser à notre cause.

Vijay Makhan


Cinquante ans de tergiversations et de subterfuges !
Source: Le Militant

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